En bordure du canal de l’Ourcq, les anciens entrepôts ont troqué le grain et le charbon d’autrefois contre les bureaux de l’agence de publicité BETC. Le chantier mené par l’architecte Frédéric Jung a bouleversé intérieurement l’édifice, tout en sachant préserver son allure extérieure, incroyablement monumentale.
« La reconversion d’un édifice n’est pas qu’un acte figé de mise en adoration, mais une recherche sur la façon d’utiliser au mieux les forces d’un lieu au profit d’un projet contemporain. » Cette règle de conduite, l’architecte Frédéric Jung l’a magistralement mise en pratique en transformant les anciens Magasins généraux de Pantin (Seine-Saint-Denis) en siège pour l’agence de publicité BETC. Inauguré le 15 septembre dernier en présence du Premier ministre, Manuel Valls, l’édifice accueille désormais quelque 600 collaborateurs du groupe dans les vastes « étagères » de béton qui avaient été construites en 1931 pour stocker du grain, du charbon et bien d’autres marchandises.
Les forces du bâtiment étaient évidentes. Ce grand vaisseau met à la disposition de ses nouveaux occupants des hauteurs sous plafond qu’aucun bâtiment neuf ne pourra désormais offrir et des ouvertures sur toutes les façades qui garantissent de la lumière et des vues à tous les salariés. « Ici, il n’y a pas de coin pour les punis », remarque Frédéric Jung.
Image de marque
Outre sa position urbaine appréciable au bord du canal de l’Ourcq et sa proximité immédiate avec les réseaux de transports, l’édifice avait le mérite d’être assez vaste pour que BETC – qui n’est pas propriétaire mais occupant quasi unique du bâtiment – parvienne à regrouper ses équipes… Sans oublier ce que ce déménagement dans le Grand Paris et cette appropriation d’une architecture puissante et magnifiée avait d’évidemment bénéfique pour l’agence en termes d’image de marque.
Mais pour plier ce monstre de béton aux exigences de ses nouvelles fonctions, il a aussi fallu faire quelques concessions. Ainsi, les graffitis qui, ces dernières années, faisaient la renommée du site ont disparu lors de la nécessaire restauration des bétons. De même, le quai de déchargement haut de 1,10 m qui soulignait toute la base des Magasins généraux a été supprimé. Pour être historique, il n’en était pas moins incompatible, en matière d’accessibilité, avec l’ouverture du rez-de-chaussée sur l’espace public. Enfin, pour créer les deux grands patios qui illuminent le cœur des deux ailes de l’édifice, il a fallu casser en partie le voûtain central. « L’architecture est un sport assez violent », reconnaît Frédéric Jung. Mais sous sa maîtrise d’œuvre, les Magasins généraux s’en sortent largement vainqueurs.
Fiche technique :
Investisseur : Klépierre.
Maîtrise d’ouvrage : Nexity.
Occupant : BETC.
Maîtrise d’œuvre : Jung Architectures.
Equipe : Carolina Fois, paysagiste ; Khephren, BET structure ; Berim, BET fluides ; Greenaffair, BET HQE ; FDI, BET façades ; Sfica, maître d’œuvre d’exécution ; Avelac, acousticiens.
Principales entreprises : Soletanche Bachy (injections de sol), GCC (structure, gros œuvre), DI Environnement (curage, désamiantage), GMD (dépose des graffitis récupérés), SNA METV (étanchéité, couverture), PR 2OOO (cloisons, doublages), Brard (menuiseries intérieures), Rinaldi avec Bluntzer (menuiseries extérieures), Satelec (électricité), Cofely Axima (plomberie), Balas (génie climatique), Botanica (espaces verts), Eurovia (VRD).
Surface : 18 OOO m² SHON (Surface antérieure : 22 OOO m² SHON)
Coût (hors aménagement intérieur) : 45 M€ H.T.