Atypique par son lieu et complexe par son espace limité, le désamiantage d’un sous-marin nucléaire d’attaque n’est pas un chantier comme les autres.
DI Environnement était en charge du retrait de l’amiante dans les peintures bitumineuses de l’Améthyste.
Zoom sur ce chantier d’envergure.
1 – Travail préparatoire
Quatre mois. Quatre mois de chantier pour quatre mois de préparation en amont. C’est ce qu’a demandé le chantier de désamiantage du sous-marin nucléaire d’attaque basé à Toulon.
« C’est un site complexe par son espace exigu, le planning serré, l’utilisation de matériels de pointe et par les exigences imposées par la DCNS pour la sécurité du personnel », se souvient Hugo Rosati, Directeur Général de DI Environnement.
Et pour cause, le site est classé secret défense et tous les accès étaient contrôlés, davantage encore dans le contexte actuel.
« Nous avons dû établir un listing spécifique du matériel utilisé, obtenir des autorisations pour le personnel. Tout devait être conforme aux conditions imposées. »
Ces nombreuses procédures à respecter ne laissaient place à aucun dérapage, « le niveau d’exigence était très élevé », avertit le directeur. Mais le défi n’a pas effrayé DI Environnement : « C’était notre troisième chantier dans un sous-marin nucléaire de classe SNA détenu par la Marine nationale. »
2- Installation du matériel
« La moitié du temps du chantier nous aura servi à installer les machines, notre matériel de grenaillage et nos autres équipements », précise Hugo Rosati.
L’objectif était de retirer les peintures bitumineuses présentes dans le sous-marin à l’aide de grenailles que l’on projette sur la peinture amiantée pour la décaper et ensuite aspirer cette grenaille pour l’utiliser à nouveau d’une part, et pour la séparer du déchet d’autre part. Pour cela, les opérateurs de désamiantage ont dû installer à l’extérieur une grenailleuse qui possède une pompe à vide permettant d’aspirer à plus de 70m du lieu d’aspiration et tout un réseau de gaines pour l’alimenter de l’intérieur. Ce système permet de gérer les déchets facilement et de les ensacher rapidement dans des big-bags, ce qui limite l’exposition des opérateurs. « Une installation très lourde à mettre en place lorsque la zone de retrait est très limitée. »
DI Environnement a imaginé et construit l’ensemble du matériel utilisé sur ce chantier de grenaillage car « il fallait du matériel spécifique comme un sas de décontamination adapté et des outils de dépose spécifiques dédiés au site et ses contraintes », commente le directeur. Les cavités étaient exiguës avec parfois des parois d’un mètre et des trous de 60x60cm.
3 – À l’attaque !
Dans le sous-marin, un « sasman » avait en charge la gestion de l’accès à la zone, la dépression et la communication entre les opérateurs. Ils étaient dix sur ce chantier. Cinq à l’intérieur et cinq à l’extérieur. Ils étaient tous habilités risque chimique et avaient reçu une formation de secourisme. Les opérateurs retiraient la peinture bitumineuse avec des lances qui étaient reliées à la grenailleuse. « C’était une organisation assez éprouvante, indique le directeur. Il fallait être très précis et avoir beaucoup d’attention pour retirer la peinture surtout dans les coins exigus où le grenaillage s’effectue à l’aide de miroirs. »
4 – Le nettoyage
Une fois la peinture retirée, les désamianteurs ont effectué les finitions pour vérifier que la peinture amiantée avait bien été enlevée. Ils ont nettoyé en détail la zone avec des aspirateurs. Plusieurs mesures d’empoussièrement ont ensuite été réalisées pour vérifier la qualité
de l’air entre autres. Après la libération de la zone amiante, les opérateurs ont dû effectuer un balayage à l’aide de la grenaille afin de préparer la surface à la mise en application d’une nouvelle peinture. Le contrôle de l’hygrométrie de l’air est une étape importante dans le processus de remise en peinture. Il ne restait plus qu’à nettoyer les machines. « Nous n’avons pas eu de problème à respecter le planning grâce aux qualifications très diverses de nos opérateurs. Certains ont une expérience de sableurs, une formation de mécanicien, d’autres de peintre ou encore d’électricien. Cette polyvalence est nécessaire sur ce type de chantier pour faire face aux imprévus », analyse Hugo Rosati.
5- La gestion des déchets
La grenailleuse sépare la grenaille des poussières amiantées, mais celle-ci est également polluée.
Elle a donc été ensachée comme le reste des déchets. Sur ce chantier, 50 tonnes de déchets ont été récupérées.
« C’est assez conséquent ! », commente le directeur. DI Environnement s’est chargé de leur acheminement vers le centre de Bellegarde (Gard), pour l’enfouissement. Une fois réhabilité, le sous-marin nucléaire d’attaque, mis en service en 1992, a pu reprendre du service.
Zoom:
DIE Environnement : la perspective amiante au coeur de leurs évolutions.
Avec 450 chantiers par an dont 80% de travaux de désamiantage, DI Environnement est spécialisée dans le retrait d’amiante et la dépollution.
C’est en 1987 que Frédéric Rosati crée Dauphiné Isolation, une société spécialisée dans la projection d’isolants. La société « a pris le virage» du désamiantage et de la décontamination au milieu des années 90 car il offrait « des synergies avec les métiers de l’isolation et une belle perspective d’avenir », selon le directeur général Hugo Rosati. La société se scinde alors en deux branches avec DI Projection et DI Environnement. « Nous répondons à tous les types de chantiers, de la poste du Louvre à Paris en passant par des sites industriels de grande envergure avec des risques importants comme les milieux explosifs. Nous proposons de gérer l’ensemble de ces chantiers, de l’étude à l’enfouissement », indique le directeur. Assez rapidement, DI Environnement a déployé ses propres techniques de retrait. « Nous avons développé la maîtrise de process car nous étions précurseurs sur le marché du retrait de l’amiante et avons pris le parti d’innover en fabriquant nos propres matériels », explique Hugo Rosati. Ils se sont par exemple spécialisés dans l’aérogommage (projection d’abrasif pour décaper une surface plombée ou amiantée, ramasser les déchets et les ensacher). Avec quatre agences en France et plusieurs filiales dans le monde, DI Environnement est une société en expansion. Début 2017, les différentes agences –Grand Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes– recrutaient une dizaine d’opérateurs amiante, et une vingtaine pour l’agence de Paris.
DI Environnement en quelques chiffres:
21 ans d’expérience
320 collaborateurs
8200 chantiers réalisés
40 millions de chiffre d’affaires soit presque 60% du CA du groupe Dauphiné Isolation qui réunit DI Environnement et DI Projection
Article publié par Andréa Devulder dans Dimension Amiante n° 10 Mars- Avril 2017
DI Environnement en Grand Format dans Dimension Amiante Mars/Avril 2017